Essai du PRINCESS Y72 par Neptune magazine

Symbole de cette nouvelle génération Princess, le Y72 est un savant équilibre entre tradition, raffinement et haute technologie. Il demeure avant tout un formidable mini-yacht familial, taillé pour des croisières tout confort avec ou sans équipage.

 

Le hasard fait parfois bien les choses! Lors de notre venue à Mandelieu (06) pour le test du nouveau Y72, celui-ci était amarré à côté du modèle de 2010. Pas de doute, ils font bien partie de la même famille et il est d’ailleurs surprenant de constater que, dix ans après, l’ancienne génération tient encore le cap! Où se situent les différences? Beaucoup sur les dimensions des vitrages de coque et de timonerie, sur le design aussi, comme sur les volumes extérieurs, mieux façonnés sur la version 2021. Le niveau de finition n’est plus le même. Il suffit de comparer le travail sur les pièces en inox telles que le balcon pour s’en convaincre. Et enfin, il y a tout ce qui ne se voit pas: les progrès de l’ingénierie, les matières plus techniques et l’efficacité des nouveaux équipements liés à la domotique et au confort à bord.

Pour la navigation en famille

Le Princess Y72 dispose de tous les attributs d’un motoryacht contemporain tout en proposant un plan de pont plutôt conservateur. Le constructeur de Plymouth a toujours été partisan d’une maturation stylistique lente qui garantit d’une certaine manière le caractère intemporel de ses gammes de bateaux, très recherchées sur le marché de l’occasion. Depuis quelques années, le chantier a amplement renforcé son offre sur les unités de 70-80 pieds, répondant ainsi à une demande sans cesse plus forte. Ce segment est encore considéré aujourd’hui comme un ultime palier pour des clients désireux de s’agrandir dans la perspective de croisières familiales plus ambitieuses, avec ou sans équipage. Le propriétaire de notre Princess Y72, qui était le numéro un, était en attente d’un capitaine et d’une hôtesse. Nombreux sont ceux qui cependant préfèrent rester seuls maîtres à bord, les motoryachts de moins de 24 m n’étant pas soumis à la très contraignante législation sur le commerce. Les équipements et les aides à la navigation installés le permettent et ne nécessitent pas une expérience nautique longue comme le bras. « Le Y72 se manœuvre sans difficulté, confirme Marc Deltenre, le directeur associé de Princess France. Il a les outils adéquats. » Parmi ses fameux « outils », on trouve le double propulseur étrave et poupe à pompe hydraulique. L’option est coûteuse, mais elle vaut le coup dans la mesure où son utilisation (jusqu’à 320 kg de poussée!) est à l’abri d’une surchauffe et d’une rupture électrique, ce qui arrive fréquemment lorsque le propulseur est trop sollicité. Cette centrale hydraulique gère par ailleurs le guindeau, lui aussi sujet à ce type d’incident. Dans la même optique, le troisième poste de commandes près du cockpit est indispensable lors des approches de quai. Ajoutez à cela une bonne caméra arrière et le propriétaire est paré pour n’importe quelle situation ! Le Y72 est également muni, comme il se doit, d’un stabilisateur gyroscopique Seakeeper 18, une option à plus de 130 000 HT devenue incontournable pour assurer le bien-être des passagers au mouillage ou à petite vitesse. En navigation, le pilote peut s’appuyer sur trois écrans, deux traceurs Raymarine et un moniteur central Böning, le spécialiste allemand des consoles de yacht. On y retrouve toutes les informations moteurs d’un tableau de bord digitalisées, mais aussi, entre autres, la gestion de l’énergie électrique, des fluides (gasoil, eau douce, eaux grises et noires) ainsi que le réglage de la clim et des éclairages.

 

34,5 nœuds avec 1 650 chevaux

Côté mécanique, Princess reste fidèle sur ce segment de taille au motoriste MAN qui propose son V12 en 2 x1400 ou 1650 ch en option. Avec la plus grosse cavalerie, nous avons atteint les 32 nœuds, sachant que le chantier a enregistré 34,5 nœuds lors des premiers essais techniques. Le meilleur rendement s’établit autour de 20 nœuds à 14 litres au mille, soit 290 l/h en conso instantanée. À ce rythme, le Princess Y72 est en limite de déjaugeage, mais conserve une vitesse constante et ne s’effondre à aucun moment sur lui-même, ce qui se produit régulièrement sur d’autres vedettes de même catégorie. Avec l’extension réservoir de 800 litres (en option), le yacht a l’autonomie suffisante pour couvrir un Cannes-Ibiza (380 milles) sans refueler.

 

Une isolation phonique parfaite

L’accès à la zone technique est un modèle de fonctionnalité. L’entrée s’effectue classiquement depuis la porte du tableau arrière. Pas de garage annexe sur ce 72 pieds (le tender sera installé sur la plate- forme immergeable ou sur l’arrière du fly), mais une spacieuse cabine d’équipage. Une porte coupe-feu conduit à un premier local abritant une colonne de deux générateurs Onan (ce qui constitue la configuration idéale pour le charter) et la centrale hydraulique. La salle des machines se situe dans le prolongement et dispose d’un isolement phonique parfait, digne d’une berline Mercedes. Pas un bruit, pas une vibration ressentie dans les espaces de vie. Perfection technique, mais aussi des aménagements. Dans ce domaine, le constructeur anglais s’est fait aider du cabinet de design italien Pininfarina. La timonerie se distingue par ses vitrages latéraux panoramiques sur toute la longueur et une surface parquet satiné et moquette épaisse de plainpied du cockpit jusqu’au poste de pilotage. L’agencement est d’une notable fluidité avec la cuisine américaine à l’entrée et le double salon. L’encombrement du mobilier est optimal et toujours à hauteur de taille pour favoriser les déplacements et ne pas nuire à la perspective. Le travail du bois est remarquable. Aucune arête vive au niveau des consoles et des placards. L’ensemble renvoie une image grand luxe très « British » qui peut trancher avec le traitement plus exubé- rant des concurrents italiens. Le propriétaire dispose d’une suite avec large escalier privatif et agrémenté d’un imposant hublot rien que pour lui. Princess avait déjà opté pour ce choix d’agencement astucieux qui permet de maintenir un certain niveau d’intimité. Les invités s’installeront quant à eux dans les trois cabines de la partie avant avec un petit avantage pour la master cabin en pointe qui bénéficie de sa propre salle de bain. À l’extérieur, le V72 multiplie les espaces dédiés à la détente, dans le cockpit ou encore sur la plage avant, mais c’est surtout vers le flybridge que tous les regards convergent naturellement. Les designers se sont mis au goût du jour en adoptant le principe d’un balcon arrière vitré. Le nouveau hard-top est associé pour la première fois à un toit ouvrant à persiennes orientables et électriques qui permettent de tamiser la lumière. Un équipement de grande classe qui renforce l’image raffinée et élitiste du Princess Y72.

 

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